Le Soudan s’est engagé à désamorcer les tensions avec Addis-Abeba suite au meurtre de ses sept soldats et d’un civil en Éthiopie dont il avait accusé l’armée d’avoir commis l’atrocité.
Deux jours plus tôt, Khartoum s’était engagé à apporter une « réponse » adéquate. Des rapports indiquent que le Soudan a bombardé une zone près de la région frontalière contestée depuis lundi.
Mardi soir, le chef du Conseil de souveraineté du Soudan, le lieutenant-général Abdel Fattah al-Burhan, a promis de calmer la situation quelques heures après l’escalade signalée au cours de laquelle son armée aurait tiré de l’artillerie lourde sur l’Éthiopie.
L’Union européenne a averti les deux parties de ne pas entrer en guerre. Lors d’une réunion entre l’envoyée de l’UE pour la Corne de l’Afrique, Annette Weber, le général de corps d’armée Al-Burhan a affirmé le souci de son pays pour « des relations normales et équilibrées avec l’Éthiopie voisine ».
Le Conseil de souveraineté soudanaise a déclaré dans un communiqué : « La réunion a porté sur le malheureux incident survenu dans la région d’Al-Fashqa, au cours duquel l’armée éthiopienne a tué sept prisonniers [qui étaient] des soldats soudanais et un civil, qui ont été enlevés à l’intérieur du territoire soudanais.”
Préoccupation vocale
Mercredi, l’Union africaine s’est également inquiétée de « l’escalade des tensions militaires » entre l’Éthiopie et le Soudan, appelant à la retenue et au dialogue.
Le président de la Commission de l’UA, Musa Faki Mahamat, dans un communiqué mercredi, a appelé à « l’abstention totale de toute action militaire quelle qu’en soit l’origine et appelle au dialogue entre les deux pays frères pour résoudre tout différend ».
Le Soudan a accusé l’Éthiopie d’avoir capturé ses soldats et un civil le 22 juin dans la région contestée d’Al-Fashqa, qui se trouve à l’intérieur de ses frontières internationales mais qui est habitée par des agriculteurs éthiopiens depuis des décennies.
Khartoum a rappelé lundi son ambassadeur à Addis-Abeba et s’est engagé à porter plainte auprès du Conseil de sécurité de l’ONU et des organisations régionales.
Addis-Abeba a déclaré mardi que les forces soudanaises avaient traversé le territoire éthiopien et que les victimes résultaient d’une escarmouche avec une milice locale, niant que ses soldats se trouvaient dans la région à l’époque. Des responsables éthiopiens ont également déclaré que les forces armées soudanaises avaient tiré de l’artillerie lourde sur son territoire.
Le Soudan a pu s’emparer mardi de Jabal Kala al-Laban, une zone proche de la frontière contestée, à la suite d’un barrage d’artillerie et d’un raid aérien, selon une source militaire soudanaise anonyme s’adressant à l’agence de presse Reuters.
Cependant, le porte-parole des Forces armées soudanaises a déclaré dans un communiqué de presse que « des informations de dernière heure incorrectes et trompeuses ont été rapportées sur certaines chaînes satellite et sites Web, attribuées à l’armée soudanaise et à des sources militaires au sujet des mouvements de troupes et de la capture de soldats éthiopiens à Al-Fashqa. Région. »
« Les Forces armées soudanaises confirment qu’elles ne publieront aucun discours ou déclaration sur ces chaînes ou d’autres sites Web sur toute question liée à la situation à nos frontières orientales. »
S’adressant à l’AFP à Khartoum, le porte-parole de l’armée, Nabil Abdalla, a déclaré: « Nous n’avons attaqué personne et nous ne le ferons pas et nous ne prévoyons pas cela. Mais nous ne permettrons à aucune force armée d’un autre pays de franchir notre frontière internationale. C’est notre droit de s’en occuper légalement. »
Des escarmouches ont eu lieu entre les deux pays voisins au cours des dernières années au sujet de la zone frontalière fertile contestée d’Al-Fashqa. Les deux parties n’ont pas encore officiellement tracé de frontière dans la zone. Al-Fashqa a longtemps été cultivée par des agriculteurs éthiopiens mais revendiquée par le Soudan, et le différend a déclenché des affrontements sporadiques entre les parties soudanaise et éthiopienne, certains mortels.