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Trois raisons d’espérer que le Soudan du Sud puisse retrouver la paix après 11 ans de conflits

L’édification de la nation sud-soudanaise n’a jamais vraiment commencé. Deux ans après son indépendance durement gagnée, une guerre civile a éclaté en décembre 2013. Cela a privé le pays d’une occasion de poser ses fondations.

Les premières élections du pays devaient se tenir en 2015, mais la guerre l’en a empêché. Un accord de paix a été conclu en 2015, mais il s’est effondré en 2016. Ainsi, aucune élection n’a eu lieu depuis l’indépendance.

Une feuille de route pour la paix et la réconciliation nationale a été signée en 2018 entre les protagonistes belligérants du pays. Cela a fait naître l’espoir que le Soudan du Sud parviendrait à la paix et à la stabilité et organiserait ses premières élections démocratiques. Mais la mise en œuvre de l’accord a été douloureusement lente. Depuis 2018, peu a été réalisé sur des aspects critiques et il faudra peut-être l’étendre.

Si les délais prévus dans l’accord avaient été respectés, les résultats suivants auraient été atteints à ce jour :

Adoption d’une nouvelle constitution

Enregistrement des partis politiques

La réforme des institutions sécuritaires et judiciaires, y compris la création d’une Cour constitutionnelle

Mise en place de mécanismes de justice transitionnelle

Unification des forces armées.

Malgré l’histoire mouvementée du Soudan du Sud en matière de rétablissement de la paix, il y a encore de la place pour l’espoir. J’ai étudié la recherche d’une nouvelle constitution par le pays et j’ai découvert que les réformes législatives et institutionnelles peuvent renforcer le constitutionnalisme, l’état de droit et les droits de l’homme au Soudan du Sud.

Initiatives locales de paix

Il y a trois raisons d’espérer que le Soudan du Sud trouvera la paix, créant ainsi le répit dont le pays a besoin pour construire une nation et développer son économie.

Le premier concerne les initiatives de paix locales émergentes dans lesquelles les communautés se réunissent pour résoudre les différends. À cela s’ajoute l’initiative de dialogue national où les communautés se parlent librement et proposent des solutions à leurs problèmes. Ces deux initiatives locales sont portées par des dirigeants locaux respectés, des organisations confessionnelles et la société civile avec peu ou pas de rôle pour les élites politiques.

Les preuves abondent que des initiatives locales comme celles-ci sont le fondement d’une paix et d’une sécurité durables. Au Soudan du Sud, ces initiatives de réconciliation à la base sont connues sous le nom de « Wunlit people-to-people » – du nom du célèbre lieu d’un accord de paix entre les Nuer et les Dinka en 1991. Elles sont généralement dirigées par des chefs traditionnels, parfois avec des représentants religieux d’organismes.

Leur succès contraste avec les conférences de paix dirigées par l’élite qui n’ont pas réussi à mettre fin à la violence à Tonj, à la violence communautaire Twic-Abyei et ailleurs dans l’État de Jonglei. La violence dans les régions de Tonj, Twic et Abyei est entre les communautés du groupe ethnique Jieeng (Dinka) qui n’ont jamais eu de combats entre elles. La violence Jonglei est entre les groupes ethniques Jieeng et Murle qui ont une histoire insoluble de violence entre eux.

Les processus et institutions locaux de consolidation de la paix qui sont défendus par les structures communautaires locales et les organisations non partisanes représentent l’espoir pour le Soudan du Sud de guérir et de réconcilier ses communautés divisées et de reconstruire mieux et de bas en haut. C’est tout à leur honneur d’avoir continué à travailler malgré les défis insurmontables de l’insécurité et de l’effondrement de l’État de droit.

Des réformes sur lesquelles s’appuyer

Ma deuxième raison d’espérer est qu’il y a eu des gains dans les réformes institutionnelles et législatives entreprises en termes de l’accord de paix lent. Le pays peut s’en inspirer.

Ces gains incluent le fait que le gouvernement d’union nationale a réussi à revoir les lois pertinentes sur la sécurité nationale.

D’autres sont:

Incorporation de l’accord de paix dans la constitution

Reconstitution de la législature nationale de transition

Rédaction du projet de loi sur le processus d’élaboration de la constitution

Réunification de la structure de commandement de la sécurité

Adoption d’une stratégie de réforme des finances publiques.

Ces réformes représentent un progrès. Le Soudan du Sud et ses partenaires doivent s’appuyer sur eux pour accélérer la consolidation démocratique et construire une paix durable. Par exemple, la reconstitution de la législature nationale (Assemblée législative nationale de transition et Conseil des États) est une étape importante dans la mise en place des institutions publiques de contrôle.

La législature a jusqu’à présent adopté des lois essentielles telles que la loi sur les partis politiques et d’autres lois. Il adoptera bientôt le projet de loi sur le processus d’élaboration de la constitution pour ouvrir la voie à la création d’institutions d’élaboration de la constitution au Soudan du Sud.

Dialogue national

La troisième source d’espoir pour le Soudan du Sud concerne les forums de l’Initiative de dialogue national pour documenter les aspirations des citoyens. Celles-ci ont été lancées par le président Salva Kiir Mayardit en reconnaissance des insuffisances de l’accord de paix que le gouvernement a signé avec les belligérants. Bien que les recommandations des citoyens n’aient pas encore été mises en œuvre, le mécanisme reste un modèle pour garder le pays uni par le dialogue et l’engagement.

En outre, le dialogue national définit les priorités du pays pour la construction de la nation. Il s’agit notamment de résoudre les problèmes de sécurité, de consolidation de la paix, d’économie et de gouvernance.

La lumière au bout du tunnel

Les Sud-Soudanais et la communauté internationale perdent espoir en raison de conflits sans fin, de crises humanitaires et de problèmes de gouvernance. Il y a cependant de la lumière au bout du tunnel. Cela nécessite d’intensifier le dialogue et la participation des citoyens, les processus locaux de consolidation de la paix et de poursuivre sans relâche les réformes nécessaires.

Il appelle également à s’appuyer sur les gains déjà réalisés et à adopter une multiplicité d’idées qui fonctionnent – même celles qui ne font pas partie de l’accord de paix.