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L’Ethiopie dit que la pénurie de carburant au Tigré est un mythe

L’Éthiopie a décrit jeudi les pénuries de carburant dans la région ravagée par la guerre du Tigré comme un « mythe » et a accusé les rebelles tigréens de chercher à lancer une nouvelle offensive. 

Les agences humanitaires ont déclaré que le carburant qu’Addis-Abeba leur permettait de livrer dans la région était insuffisant et ont averti que les pénuries paralysaient la distribution de l’aide d’urgence.

Les Tigréens sont en proie à une crise humanitaire, selon l’ONU, et n’ont pas accès depuis des mois aux services de base tels que l’électricité, les télécommunications, Internet et les services bancaires.

Après une visite à Mekele, la capitale du Tigré, le commissaire européen à la gestion des crises Janez Lenarcic a exhorté mardi le gouvernement à lever « sans délai » les restrictions imposées au Tigré, notamment sur l’approvisionnement en carburant. 

Jeudi, le service de communication du gouvernement éthiopien a déclaré que trois camions-citernes transportant plus de 137 000 litres de carburant étaient arrivés à Mekele la semaine dernière. 

La quantité totale de carburant envoyée dans la région s’est élevée à 920 309 litres depuis la reprise des convois d’aide en avril, a-t-elle indiqué sur Twitter. 

« Le mythe de la pénurie de carburant est un agenda caché du TPLF pour améliorer la mobilité de son armée en vue d’un autre cycle de conflit », a-t-il déclaré, faisant référence au Front de libération du peuple du Tigré.

Le conflit de 19 mois entre le gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed et le TPLF a conduit des centaines de milliers de personnes au bord de la famine et laissé plus de neuf millions de personnes dans le besoin d’aide alimentaire, selon les Nations Unies.

Après une interruption de trois mois, le gouvernement a autorisé en avril l’acheminement par voie terrestre de l’aide désespérément nécessaire au Tigré, qui subit depuis longtemps ce que l’ONU a décrit comme un blocus de facto.

« Des approvisionnements humanitaires ont afflué dans le Tigré depuis l’annonce de la trêve humanitaire du gouvernement (…) mais moins de la moitié du carburant nécessaire est entré dans la région ces dernières semaines », a indiqué jeudi le PAM. 

Claire Nevill, porte-parole du PAM en Éthiopie, a déclaré à l’AFP que les opérations humanitaires au Tigré nécessitaient deux millions de litres de carburant chaque mois, tandis qu’un million de litres étaient entrés dans la région via des convois dirigés par le PAM. 

« Maintenant, nous avons une situation où les entrepôts humanitaires à Mekele sont pleins, mais les gens là-bas dans les campagnes ont toujours faim », a déclaré Lenarcic mardi. 

La situation dans les hôpitaux était particulièrement critique, a ajouté l’envoyé de l’UE, soulignant à la fois l’absence d’électricité et le manque de carburant.

Le conflit a commencé en novembre 2020 lorsque le gouvernement a envoyé des troupes fédérales dans le Tigré pour renverser le TPLF, l’ancien parti au pouvoir de la région, affirmant que c’était en réponse aux attaques des rebelles contre des camps militaires.

Après que le TPLF a effectué un retour choc, reprenant le Tigré puis s’étendant dans les régions voisines d’Afar et d’Amhara, les combats se sont intensifiés dans la seconde moitié de 2021, avant d’atteindre une impasse.