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Des manifestants soudanais se rassemblent contre le coup d’État, au lendemain de la mort de neuf personnes

Les manifestants soudanais se sont de nouveau rassemblés vendredi à Khartoum, tirant des gaz lacrymogènes des forces de sécurité, un jour après qu’une manifestation de masse rejointe par des dizaines de milliers de personnes ait rencontré la violence la plus meurtrière jusqu’à présent cette année dans la ville jumelle de la capitale, Omdurman.

Des centaines de militants se sont massés près du palais présidentiel dans la capitale après qu’au moins neuf personnes ont été tuées lors des manifestations de jeudi contre le régime militaire dirigé par le chef de l’armée Abdel Fattah al-Burhan depuis le coup d’État d’octobre dernier.

Neuf manifestants sont morts et plusieurs autres ont été blessés à Omdurman, la ville à l’ouest de Khartoum de l’autre côté du Nil, alors que de nouvelles violences ont secoué la capitale et des villes soudanaises jeudi. Un manifestant est décédé des suites de ses blessures vendredi, portant à 113 le nombre de morts dans les violences liées aux manifestations depuis le coup d’État.

Jeudi, les manifestations ont commencé au Palais républicain dans le centre de Khartoum. La police a réagi avec une main lourde alors que les autorités ont coupé Internet dans certaines parties du pays.

Les manifestants exigent le rétablissement de la transition vers un régime civil, lancée peu après l’éviction en 2019 du président vétéran Omar el-Béchir mais qui a depuis déraillé.

Le Comité central des médecins soudanais a décrit ceux qui sont morts comme des « martyrs du droit et de la vérité ».

Le 30 juin est significatif au Soudan. Pendant son règne, le gouvernement d’al-Bashir commémorerait le jour où il a pris le pouvoir après avoir renversé le défunt Premier ministre Al-Sadiq Al-Mahdi en 1989.

Condamnation

C’était aussi l’anniversaire des manifestations de 2019 exigeant que les généraux qui avaient renversé Bashir lors d’un coup d’État au palais en avril de la même année cèdent le pouvoir aux civils. En 2019, environ six semaines après la destitution d’al-Bashir en avril, la scène politique s’est détériorée après l’effondrement de l’accord entre l’armée et la Coalition pour la liberté et le changement (un mouvement civil pro-démocratie qui a aidé à renverser al-Bashir).

Les manifestations et les sit-in devant le quartier général de l’armée ont été brutalement réprimés, entraînant la mort de plus de 100 personnes le 3 juin 2019, connu sous le nom de massacre de Khartoum. Les Soudanais ont organisé une manifestation de masse le 30 juin.

Ces manifestations ont conduit à la formation du gouvernement de transition civilo-militaire qui a été renversé lors du coup d’État d’octobre dernier.

Le jeudi 30 juin 2022, des dizaines de milliers de manifestants soudanais sont sortis dans plus de 30 villes pour protester contre le retard de la transition vers un régime civil.

À l’approche des manifestations de jeudi, les gens ont organisé des manifestations dans leurs quartiers. Mercredi, des sources médicales ont déclaré que « les forces de sécurité ont abattu un enfant lors de manifestations à Khartoum Nord ».

La dernière répression a défié les appels au calme de la communauté internationale.

« Des dizaines de milliers de Soudanais sont descendus dans la rue… pour réclamer la démocratie. Nous soutenons leurs aspirations », a déclaré le Bureau des affaires africaines du Département d’État américain sur Twitter.

« Nous condamnons avec la plus grande fermeté l’utilisation de tirs à balles réelles par les forces de sécurité contre des civils. Nous offrons nos condoléances à ceux qui ont perdu des membres de leur famille. »

La « violence doit cesser », a exigé le représentant spécial de l’ONU, Volker Perthes.

L’ambassade britannique à Khartoum s’est dite « consternée » par les tueries de jeudi et a appelé à une enquête.

« L’impunité et les tueries doivent cesser », a-t-il déclaré.

La police soudanaise a accusé les manifestants d’avoir blessé jeudi 96 policiers et 129 militaires, « certains gravement », ainsi que d’avoir endommagé des véhicules et déclenché des incendies.