Ouagadougou, Burkina Faso – L’ancien dirigeant du Burkina Faso, Blaise Compaoré, qui a été contraint à l’exil en 2014, devrait revenir prochainement à Ouagadougou pour un sommet des anciens présidents, a déclaré mercredi un porte-parole du gouvernement.
« D’ici la fin de la semaine, une importante réunion entre les anciens chefs d’Etat du Burkina Faso se tiendra pour accélérer le dossier de la réconciliation », a déclaré le porte-parole Lionel Bilgo.
Compaoré, 71 ans, est « très probable et même attendu » pour y assister, a-t-il ajouté.
Une source proche du gouvernement et de l’entourage de Compaoré a indiqué à l’AFP mardi soir qu’il devait retourner au Burkina Faso pour rencontrer ses dirigeants militaires cette semaine.
La source a indiqué qu’il devait « arriver jeudi ou vendredi pour un court séjour » et qu’il « serait reçu par le chef de l’Etat dans le cadre de la réconciliation nationale ».
Une source de l’entourage de Compaoré a confirmé le voyage.
Mercredi, le porte-parole du gouvernement ivoirien, Amadou Coulibaly, a déclaré que les autorités burkinabés avaient tendu la main.
« Le Burkina Faso s’est engagé dans un processus de réconciliation… Toutes les dispositions sont prises pour que le président Compaoré y participe activement », a-t-il déclaré.
Il n’y a pas eu d’annonce officielle du moment où Compaoré, qui détient également la nationalité ivoirienne, atterrirait.
– Personnage controversé –
Compaoré a pris le pouvoir lors d’un coup d’État en octobre 1987, le jour même où le leader révolutionnaire du Burkina, Thomas Sankara, son ancien compagnon d’armes, a été abattu par un commando.
Il a ensuite régné pendant 27 ans avant d’être chassé par des protestations populaires, soutenues par l’armée, contre sa tentative de rester au pouvoir.
Le 6 avril de cette année, il a été condamné par contumace à la prison à vie par un tribunal militaire pour son rôle dans l’assassinat de Sankara.
Son retour semble viser à renforcer l’unité à un moment où la junte au pouvoir est aux prises avec une crise profonde.
L’État appauvri et enclavé du Sahel est battu par une campagne djihadiste vieille de près de sept ans qui a fait plusieurs milliers de morts et contraint près de deux millions de personnes à quitter leur foyer.
Quarante pour cent du pays échappent au contrôle du gouvernement, a déclaré le mois dernier un représentant du bloc régional CEDEAO.
En janvier, des soldats mécontents de ne pas avoir réussi à endiguer l’insurrection ont organisé un coup d’État, expulsant le président élu, Roch Marc Christian Kaboré.
Le nouvel homme fort, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, a prêté serment en tant que président en mars.
Damiba a déclaré que la sécurité était sa priorité absolue, mais après une relative accalmie, les attaques ont repris, faisant des centaines de morts.
En juin, 86 personnes ont été massacrées dans le village frontalier nord de Seytenga tandis qu’au moins 34 personnes ont été tuées lors de deux attaques le week-end dernier.
– Entretiens présidentiels –
La réunion prévue des anciens dirigeants permettra « de partager les énergies et les synergies… pour lutter efficacement contre le drame qui nous frappe mais aussi pour réduire les dissensions internes », a déclaré Bilgo.
D’autres anciens présidents invités aux pourparlers sont Jean-Baptiste Ouedraogo qui était au pouvoir de 1982 à 1983, Isaac Zida qui a brièvement pris le pouvoir en 2014 et est actuellement en exil au Canada, Michel Kafando qui était au pouvoir de 2014 à 2015, et Kaboré lui-même.
Mercredi, les avocats de Sankara ont appelé les autorités judiciaires à faire arrêter Compaoré dès qu’il a mis les pieds au Burkina Faso.
Dans un communiqué, le bureau du président a déclaré que les pourparlers étaient une « réunion importante pour la vie de la nation » mais « n’entravent pas l’action judiciaire qui a été entreprise contre certains individus ».
Une source proche du bureau du président a déclaré que Compaoré serait logé dans une villa à Ouagadougou qui avait été utilisée pour Kaboré lorsqu’il avait été assigné à résidence après le coup d’État de janvier.
Les partisans de Compaoré sur les réseaux sociaux ont appelé à une manifestation de soutien à l’aéroport de Ouagadougou vendredi matin.