Le M23 rejette le rapport d’Amnesty International sur les crimes en RDC

Le M23 a rejeté les accusations contenues dans un communiqué de presse d’Amnesty International les accusant de massacres et de viols en République démocratique du Congo (RDC).

Dans un communiqué publié le 18 février, la porte-parole rebelle Laurence Kanyuka a écrit : « Le rapport d’Amnesty International est basé sur des témoignages recueillis auprès de personnes dont les déclarations ne sont pas fondées sur la réalité sur le terrain ».

« Les enquêteurs d’Amnesty International ne se sont jamais rendus sur les lieux des événements pour confronter les témoignages recueillis avec les preuves sur le terrain mais sont prompts à tirer des conclusions hâtives et non vérifiées », ajoute le M23.

Dans un communiqué, Amnesty International a accusé les rebelles du M23 « soutenus par le Rwanda » d’avoir violé des dizaines de femmes lors d’une série d’attaques en novembre 2022 dans l’est de la RDC.

« Amnesty International fonde ses accusations sur les témoignages de 35 victimes et témoins directs. L’organisation dénonce des « crimes de guerre » qui pourraient aussi constituer des « crimes contre l’humanité », indique le communiqué.

Selon Amnesty International, au moins « 66 femmes et filles » ont été violées par « le groupe armé M23 soutenu par le Rwanda » dans la ville de Kishishe, à environ 100 km au nord de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, précise le communiqué.

Après avoir pris le contrôle de Kishishe, les rebelles du M23 « ont fait du porte-à-porte, tuant tous les hommes adultes qu’ils ont pu trouver et soumettant des dizaines de femmes à des viols, y compris des viols collectifs », a déclaré Amnesty, sans préciser le nombre de victimes.

Les rebelles du M23 répondent que « la détermination du viol ne peut pas être aussi simpliste et limitée aux déclarations des victimes ». Pour les rebelles, « cette infraction nécessite une expertise médico-légale pour être confirmée ».

En novembre 2022, le gouvernement congolais a affirmé que le M23 avait tué 272 civils à Kishishe et Bambo, deux villages du Nord-Kivu, dans l’est de la RDC. L’ONU a donné une version différente des chiffres, affirmant que les rebelles ont tué 171 civils dans ces deux villages.

Le M23 dément le bilan, arguant que seuls « huit civils ont été tués par des balles perdues et 12 combattants avec des armes à la main » sont morts dans les combats. 

Un témoin a déclaré à Amnesty qu’il avait « compté jusqu’à 80 corps d’hommes abattus par des éléments du M23 » dans une église, selon le rapport. Les victimes étaient soupçonnées d’être des partisans de groupes armés rivaux, notamment les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) et les Maï Maï locaux.

La situation en RDC continue de s’aggraver, malgré les appels répétés à un cessez-le-feu de l’Union africaine, de la Communauté de l’Afrique de l’Est, de l’Union européenne et de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs.

Les rebelles du M23 appellent à un « dialogue direct » avec le gouvernement congolais. Mais Kinshasa exige que les rebelles se retirent des territoires conquis et déposent les armes avant d’envisager des pourparlers avec le gouvernement de la RDC.